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Fabienne Le Houérou
Eguilles, France - Française

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Films de femmes ?

Introduction à la journée « Regards de femmes cinéastes ? » du 29 mai 2010

Si l’histoire du cinéma devait se souvenir d’un seul nom c’est celui d’une française Alice Guy, embauchée comme secrétaire par Léon Gaumont en 1894. Elle écrit un scénario qu’elle réalise en 1896 à l’âge de 23 ans La fée aux choux (1minute 30). Pendant dix-sept ans elle restera la seule femme cinéaste au monde…elle meurt en 1960 oubliée de tous.

L’entrée des femmes dans l’univers de la cinématographie datera des années 70. Même les partisans de la nouvelle vague n’ont fait une part conséquente aux femmes. Les deux noms qui ont marqué cette période sont Agnès Varda et Marguerite Duras.

C’est grâce aux revendications des mouvements féministes de mai 68 que les femmes ont pu passer de l’autre côté de la caméra. La seule posture qui leur était réservée auparavant étant celle d’incarner les actrices, séductrices, les femmes « décoratives » objet du désir masculin. Les femmes auteurs ont progressivement conquis le paysage cinématographique tant dans le domaine de la fiction que celui du documentaire. Cette progression s’est faite conjointement à l’avènement des « Gender Studies » dans les années soixante et soixante dix en Grande Bretagne et aux États-Unis. C’est dans le monde anglo-saxon que s’élèveront les critiques de la culture patriarcale et élitiste. On souligne souvent cette origine même si souvent des textes français ont été à la base de corpus étayant les théories de genre - des approches socioculturelles mettant en avant la dimension sexuée et le rapport de domination.

Les principales problématiques sont donc liées au statut de l’individu dans la société en ce qui concerne les sphères de la corporalité et de la sexualité sont intimement liées aux évolutions politiques et culturelles du monde moderne.
Malgré l’engouement des Gender Studies « les études filmiques en France sont toujours imperméables aux approches de gender alors même que « les études anglo-saxonnes ont en fait leur cheval de bataille » (Sellier, 2005). Geneviève Sellier s’interroge sur le paradoxe de ces études encore marginales dans un pays qui a « inventé » la cinéphilie et le cinéma d’auteur.

Elle relève avec beaucoup de finesse le lien entre la légitimité culturelle du cinéma et la marginalité des approches socioculturelles dont relèvent justement les Gender Studies. Elle remarque que c’est en le purifiant de sa dimension sociale comme de sa dimension féminine que le cinéma est légitimée comme objet culturel. Les institutions valorisent un regard abstrait et idéaliste du film avec un rapport sublimé aux œuvres. La cinéphilie s’imposant comme un culte des œuvres arraché aux contingences sociohistoriques avec une survalorisation de l’auteur démiurge.

Comme pour le cinéma anthropologique et le cinéma des scientifiques, le culte de l’auteur démiurge reste encore la règle j’en veux pour preuve la référence continue à Jean Rouch, considéré comme père fondateur de la discipline. Tout colloque sur les études cinématographique ne pouvant que commencer par la par la petite phrase initiatique « ROUCH disait… » Mieux encore, par « Jean disait » ce qui induisait une complicité et une proximité sous sous-jacente entre l’énonciateur et le génie fondateur de l’anthropologie visuelle.

Lorsqu’étais étudiante un de mes amis cinéaste ne pouvait commencer ses phrases que par « Jean m’a dit » lancé comme un sésame rituel afin d’obtenir l’autorisation de produire une pensée, une idée sur le cinéma anthropologique. Une collègue remarquait dans un des colloques à Aix en 2006, où elle était invitée, qu’étonnamment la mort de Rouch avait libéré des talents cachés.

Si l’on replace la production du film dit ethnographique et sa genèse dans celle des études de genre et des études cinématographiques force est de constater une conjonction d’évolutions qui font l’avènement de femmes cinéastes dans l’univers scientifique comme une progression naturelle d’une société qui affine ses technologies et permet l’accès aux technologies de l’image à un nombre le plus en plus croissant de vidéastes. Cette démocratisation est un fait en constante progression. Tant dans le cinéma scientifique que le cinéma de fiction.
En 1978 sur 118 films réalisés 10 le sont par des femmes. En 2002 sur 143 films sortis en salle 27 émanent de la gent féminine. Les films de fictions signées par des femmes sont donc largement minoritaires toutefois pour le film scientifique aujourd’hui ont pourrait dire que depuis la mort de Rouch le cinéma de chercheurs n’a pas cessé de faire la part belle aux femmes. Ou plutôt il serait plus juste de dire que les femmes se sont emparées de l’outil vidéo de manière tout à fait extraordinaire. Si bien que pour les jeunes générations je ne sais pas si l’on pourrait évoquer de domination masculine.
Cela est en partie la résultante du dynamisme des étudiantes et de leur utilisation de plus en plus facile de petite caméra numérique. Si petites qu’elles peuvent tenir dans une menotte d’enfant. En 20 ans j’ai observé les caméras se rapetisser et les images à la portée de publics plus variés. Mon premier film sur les ensablés a été tourné en super 16 en 1996. Une grosse caméra à l’épaule, lourde et encombrante avec des bandes volumineuses qu’il fallait recharger…Il fallait un homme pour porter tout ce fatras ! Tant le matériel était lourd et envahissant. Cette révolution technologique a permis aux étudiantes d’utiliser de plus en plus facilement des caméras sur leurs chantiers de recherche de manière discrète et intimiste.


En France , c’est surtout dans l’univers du documentaire qu’elles sont le plus nombreuses. En quarante ans le nombre de réalisatrices n’aura cessé de croître. Elles auront apporté leur créativité et leur imaginaire de façon remarquable.
Est-ce pour autant que l’on doive considérer leur production comme « des films de femmes » ? Quelle est la part de vérité de cette affirmation ? C’est ce que nous allons débattre aujourd’hui autour des cinq films que nous présenterons aujourd’hui.
Est-ce qu’il existe des sujets de femmes ? Des cadrages de femmes ? Un montage de femme ? Un commentaire de femme ?
Une sensibilité de femme ? Une écoute de femme ? Une esthétique de femme ? Produits par des statuts conditionnés dans leur rapport de genre, plombé dans leur identité sexuée. Je vais bien me garder de répondre de façon simpliste à des débats dont nos collègues s’emparent outre atlantique depuis des décennies. Je vais toutefois commencer par introduire l’idée que les meilleurs films (à mon sens) évoquant la réalité quotidienne des femmes en Egypte ont souvent été réalisés par des auteurs hommes. Je pense à mon ami Khairy Bishara qui se trouvait souvent flatté lorsque je lui disais qu’il comprenait si bien les femmes qu’il méritait d’en être une. Les œuvres accomplies sont difficilement catégorisables dans des cases même « sexuées » ; la liberté de l’artiste étant de passer d’un monde à l’autre. Le positionnement de genre, comme déterminisme d’appartenance pour un auteur, ne saurait être étanche. Le genre est une catégorie qui prend également l’eau.

Fabienne Le Houérou




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