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Fabienne Le Houérou
Eguilles, France - Française
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Hôtel du Nil, Voix du Darfour
Film documentaire de Fabienne Le Houérou.
Au Darfour, à l’Ouest du Soudan le gouvernement de Khartoum allié à des miliciens « arabes », les Janjaweed, mettent la région feu et à sang en disséminant les populations africaines (Fur, Massalit, Zhagawa ) sur les routes de l’exode.
Pour fuir le carnage qui ravage le Darfour depuis 2003 les populations ont trois solutions :
-Passer au pays voisin le Tchad
-Être enfermés dans des camps de déplacés sous l’égide des ONG et nations unies
-Fuir en Égypte et solliciter le statut de réfugié auprès du HCR
Ce film est celui du passage en Égypte de ces populations martyrisées.
Note d’intention
Le Darfour, cette région du Soudan méconnue, souffre d’une absence de remise en perspective. Les journalistes en ont considéré la crise comme l’un des drames humanitaires les plus sombres du siècle avant qu’elle ne soit chassée du paysage médiatique, par une autre vague, non moins violente, qui s’abattit récemment sur Asie du Sud Est.
L’horreur en Asie ne doit néanmoins pas nous faire oublier que l’Afrique, exclue des retombées de la mondialisation, rencontre des régressions économiques se traduisant également pas des crises identitaires meurtrières.
Au Darfour, province de l’Ouest Soudanais, grande comme la France, des villages entiers ont été brûlés. Des crimes innommables ont été perpétrés par les miliciens janjaweed d’origine Baggara contre des paysans africains. La compétition pour l’eau et les pâturages est devenue plus meurtrière sur des terres qui se sont lentement appauvries depuis le dernier tiers du XXème siècle.
Les uns et les autres étant musulmans, la presse a caricaturé le conflit à une opposition entre sédentaires paysans africains et nomades aux antécédents arabes.
Ce projet de film répond à deux questions fondamentales :
Qui sont ces Arabes et qui sont ces Noirs ?
Au Soudan la parole des victimes est emprisonnée par le contexte politique. Le Caire est la voie de sortie pour tous ces réfugiés et se présente comme le site idéal pour obtenir une parole libérée.
Il est question, ici, d’une méthode historique utilisée à l’image en considérant le témoin comme source de crédibilité : utiliser le discours de l’exclu pour évoquer son exclusion et le processus de cette stigmatisation, laisser la parole aux stigmatisés pour raconter le stigmate et répondre à des questions d’histoire. Il s’agit d’une manière d’écrire l’histoire en images que je pratique depuis presque 10 ans. Mon premier film (Les ensablés, 1996) faisait parler des fascistes pour évoquer l’aventure mussolinienne en Éthiopie. Le deuxième film « Nomades et pharaons » (2004) faisait témoigner des réfugiés pour évoquer les conséquences sociales de la violence politique.
Ce projet de film documentaire tire du passé la légitimité du savoir faire témoigner des sources méprisées par les historiens. Par effet de mimétisme les acteurs de l’histoire mineurs ou des acteurs victimes deviennent également des sources négligeables.
Je propose dans ce documentaire, d’utiliser la parole de ces réfugiés comme archive vivante et de traiter cette parole avec tout le soin qu’elle mérite.
L’écriture du scénario fait intervenir trois femmes et deux hommes originaires du Darfour rencontrés au cours de mes enquêtes sur les déplacés .Comment décrire les crimes abominables commis au Darfour ? Avec des images de réfugiés cassés par la souffrance ? Avec des gros plans sur des visages ravagés par les horreurs subies ? Avec des mots ? Des symboles ?
L’écriture d’emblée défend l’usage de la métaphore visuelle. Pas de gros plan sur l’horreur. Le point de vue de réalisation tente d’utiliser les lieux de l’exil et de faire parler les objets de cet exil plutôt que de se centrer sur des images spectaculaires de la misère existentielle de ces réfugiés. Un élément de mise en scène tentera d’utiliser donc les quartiers où habitent les Soudanais au Caire. Les lieux de travail et d’habitation, les cafés du Caire. Les péniches de Kikat, bien connues dans la capitale égyptienne, seront des lieux narratifs par excellence. Le fil du discours, se trouve au fil du Nil sur une barque, métaphore de la vie de voyage et de transit. C’est dans ce site joyeux et coloré que j’entends quelques uns des personnages du film : Soraya, Souad et Samira, des jeunes femmes du Darfour, artistes peintres au henné qui déambulent de table en table, pour dessiner des arabesques sur les mains des touristes.
Le deuxième site central est la ville de Sita October, la décharge qui se trouve dans une ville nouvelle au bord du désert où 200 ouvriers soudanais se brûlent dans le désert pour ramasser des débris de fer. Aïsha est une femme exceptionnelle que l’incendie de sa vie n’a pas réussi à dessécher. Mère Darfour nourrit ces nouveaux esclaves entre midi et deux, je ferai parler l’endroit par la médiation de ses manifestations visuelles, son organisation, sa lumière, sa forme, la plasticité du lieu évoquant par effet de mimétisme les hommes réfugiés qui l’habitent : un immense dépôt d’ordures dans le sable chauffé à blanc.
La décharge de Sita October est l’un des piliers du documentaire. Les scènes et les dialogues se dérouleront là, contre un mur de brique. Des hommes en colère témoignent de l’abandon dont ils sont victimes.
Autre source de description visuelle la maison de Hawa et Yahia avec Mohammed BBC, commerçant itinérant que nous suivrons partout dans la ville. Fils de paysan du Jebel Marra, réfugié au Caire depuis 13 ans, il incarne le monde rural des populations africaines, victimes des exactions dans les villages.
Le passage en Égypte est pour les réfugiés soudanais une étape forcée. Ces hommes, qui ont fui leurs villages incendiés par les milices dites arabes « janjaweed » pour trouver un refuge en Égypte, sollicitent le statut de réfugié au HCR, l’agence pour l’ONU, chargée de les protéger.
Or, le 30 décembre dernier dans le quartier chic de Mohandessen l’évacuation de 1 500 Soudanais par la police égyptienne s’est soldée par 200 morts et un grand nombre de blessés. Ils campaient devant les bureaux du HCR depuis trois mois pour solliciter des Nations Unies qu’elles reconsidèrent les demandes d’asile politique rejetées. Ils réclamaient également la réinstallation en pays tiers.
Victimes non seulement d’un racisme ordinaire mais surtout de la crise économique que traverse l’Égypte, le film raconte la vie quotidienne de ces hommes et ces femmes au Caire. Le calvaire pour trouver un travail et les humiliations des travaux les plus bas dans les décharges. Sous-caste au service de la société égyptienne, ils travaillent en plein soleil pour récolter des morceaux de ferraille dans des décharges publiques.
Une journée dure cent ans. Cent ans de brûlure, d’épuisement et d’activités dégradantes. Écrasés, humiliés, ils nous disent qu’ils auraient préféré mourir dans l’enfer du Darfour plutôt que de mourir à petit feu dans cette Égypte où il n’y a pas de place pour eux. Travailler avec les immondices ne signifie-t-il pas, indirectement, être devenu une ordure soi-même ?
Synopsis
Le film commencera à Wadi Halfa, un port nubien au Nord Soudan, où nous prendrons le bateau avec les rescapés de l’ethnocide (un concept plus adapté que celui de génocide car il accole la racine grecque ethnos au terme latin de cide, tuer) du Darfour pour arriver à Aswan, en Égypte. De là, nous les suivrons jusqu’au Caire, dans les travaux forcés de la ville nouvelle en bordure du désert, Sita October, puis dans le quartier de Agouza où se trouve l’association des gens du Darfour.
Ce grand vaporetto, ce bateau à vapeur, est rempli de Soudano-Égyptiens. C’est un navire qui fait la navette entre Wadi Alfa et Aswan. Il vogue sur le Nil après le lac Nasser et relie les deux pays une fois par semaine. On le prend le mercredi à 8H30 à Aswan et on arrive au Soudan 17 heures plus tard. C’est le transport le moins cher pour se rendre en Égypte et c’est donc un lien essentiel entre les deux pays.
Sur le pont du bateau ils parlent de liberté. Pour beaucoup c’est la première fois qu’ils prennent le bateau car ils viennent du Djebel Marra un massif montagneux au centre du pays des Four du Darfour.
Le vaporetto vient s’amarrer à Wadi Alfa, ville sur le sable, non loin du Nil, jadis noyée par le barrage d’Aswan et reconstruite de bric et de broc. L’agglomération vit des va-et-vient entre les deux pays et absorbe des marchandises venant d’Égypte. Des tomates, des machines à laver, des chaussures, du riz du delta, des nattes, des batteries de cuisine, four à micro ondes, des déodorants à la rose. Le bateau est plein à craquer et Wadi Alfa survit car les marchandises que l’on draine ici sont celles de petits hommes d’affaires telles que Ramadan ex-colonel égyptien à la retraite et Abdallah, commerçant du Darfour. Ils ont fait le voyage ensembles et attendent au Nile Hôtel le train pour Khartoum, tuant le temps comme ils peuvent.
La complicité des deux hommes, dans l’espace temps de leur interaction, démontre également que l’amitié est également un lien qui associe l’Égypte au Soudan, que l’on ne saurait caricaturer les xénophobies qui se manifestent actuellement en Égypte à un phénomène univoque et inexorable.
Ramadan et Abdallah sont solidaires, ils jouent ensemble, mangent ensemble et socialisent agréablement ensemble.
Jadis Wadi Alfa était un havre de paix sous les palmiers, aujourd’hui les baraquements se disputent un désert brûlé. Des restes de maisons nubiennes sont encore les témoins de cette époque passée. Le barrage d’Assouan a inondé la Nubie historique. Le temple d’Abu Simbel a été reconstruit grâce aux aides de l’UNESCO. Nubie détruite en 1964 provoque l’exode des Nubiens et le Darfour brûlé d’aujourd’hui entraine des déplacements forcés.
Visuellement nous comparons deux brûlures géographiques et humaines.
Mohammed, patron du Nil hôtel est l’héritier d’une ancienne famille de Wadi Alfa et témoigne sur la splendeur passée.
Il me montre des anciennes photos de sa ville avant la construction du barrage d’Aswan et désigne une allée de palmiers dattier. « C’était les champs Élysées de la ville » dit-il avec un brin de fierté.
Il n’y a plus d’arbre aujourd’hui. Il fait chaud, au moins 50 °. Les guinguettes de bord de Nil ont été remplacées par des bars itinérants, des cafétérias pour pauvres, où des femmes déplacées préparent thé, café ou karkadé. Beaucoup viennent du Darfour, une région à feu à sang, une région où les Américains dénoncent un ethnocide perpétré par Khartoum et les janjaweed contre les paysans noirs et africains Four, Masalit et Zaghawa. Tout le monde évoque un conflit ethnique. Mais « nous », « les anthropologues », nous-nous plaisons parfois à dire que l’ethnie n’existe pas au regard de l’histoire car le concept est un construit daté de l’époque coloniale.
Nous revenons sur le bateau, la sirène du départ déchire le silence du désert.
Ils sont sur les ponts, tous ces hommes, des jeunes visages africains en face du Nil, des sourires en enfilades, des sourires pleins d’espoirs et d’inquiétude mêlés. Certains jouent aux dominos.
Ils regardent le Nil et l’appellent liberté. Au petit matin, ils découvrent Abu Simbel, ce temple splendide, devant lequel est amarrée une vedette de plaisance où des touristes boivent du champagne.
Les destins des passagers se croisent devant Abu Simbel ; d’un côté les hommes fuient des crimes de guerre et de l’autre d’autres humains sont dans la douce ivresse de leurs vacances.
Ici, le voyage est désargenté. On dort par terre. On dort sur le pont. On dort où on peut où alors on ne dort pas du tout.
Le commandant du bateau, un Nubien fier avec son turban blanc, est toujours ravi depuis 30 ans de glisser sa vie sur le Nil.
« Les Nubiens du Soudan et ceux de l’Égypte sont les mêmes. Le Nil est petit mais c’est la veine qui nous relie »
Lui aussi pleure sur la Nubie morte pendant la traversée. Les Nubiens sont également déracinés, ma traversée est une série de rencontres avec des déplacés.
Sur le Nil, chacun se remplit de ce petit vent frais et il faut l’avoir respiré pour comprendre la mine réjouie de ces hommes du Darfour en fuite, en quête de liberté.
Mohammed est ivre de joie à la vue du temple d’Abu Simbel.
A Aswan, où le bateau me débarque, le Nil est grand comme une mer.
De là, je prends le train jusqu’au Caire. J’arrive à Kitkat, au centre de la ville. J’habite sur une péniche à quelques mètres du quartier des réfugiés Four soudanais.
Au Caire je fais la connaissance de Soraya, Souad et Samira, des femmes Four, qui survivent dans la mégapole en dessinant des tatouages au henné aux touristes du grand souk mais également dans les familles égyptiennes à l’occasion de fêtes.
Soraya, Samira et Souad, évoquent la société raciste du Caire. Elles parlent en riant des sobriquets que les Égyptiens leurs donnent pour se moquer de leur couleur noire : « Chocolata, Bongo Bongo, Tchatchouka »,
Les trois femmes disent le contraire de ce que nous ont montré Ramadan et Abdallah dans leurs délicatesses réciproques de l’un pour l’autre.
Les réfugiés hommes occupent d’autres activités dans la ville, comme Yahia, que je rencontre peu après. ils sont souvent vendeurs à la sauvette.
La caméra suivra Yahia dans ses activités négociantes dans le quartier de Baragil. Il vend des peignes en plastique, du vernis à ongle, des bâtons de rouge à lèvre, ceintures et lunettes de soleil et huiles parfumées. Il m’emmène chez lui et je rencontre sa très jolie femme Hawa (vent en arabe) toute enroulée dans un sari de 7 mètres de fleurs roses. Avec Mohammed BBC (nommé ainsi car il parle tout le temps) nous nous asseyons dans un salon aux rayures vertes.
Mohammed BBC parle un anglais parfait et se propose de traduire les propos de Yahia et son épouse Hawa. Yahia et Hawa sont en Égypte depuis 13 ans et ne s’en sortent pas trop mal financièrement en raison de l’inépuisable énergie de Yahia mais Hawa fait des cauchemars car elle a perdu toute sa famille au Darfour.
L’enfant qu’elle a mis au monde au Caire est mongolien : elle dit que c’est l’enfant du génocide, celui qui est né après toutes les exactions.
Hawa se cache derrière son voile rose aux fleurs mauves ; elle évoque son village perdu, les fleurs et les arbres des montagnes. Le Caire la rend folle. Le bruit surtout, insupportable, continu.
Elle me dit « Tu sais j’ai encore de la chance car mon fils n’est pas normal mais il est vivant, mon amie Salwa a perdu son bébé à cause de la négligence d’un médecin égyptien. Tu devrais parler à Salwa et là tu comprendras ce que nous vivons»
Mohammed témoigne sur le racisme concret de la vie de quotidienne.
« Le HCR ne nous défend jamais. Nous avons quitté le Soudan car les Arabes soudanais nous persécutaient. Ici les persécutions continuent. D’ailleurs tu devrais voir comment les Soudanais vivent et travaillent dans le désert de Sita October. »
Encore une fois on m’invite « à aller voir » et Mohammed BBC ajoute « Au HCR ils ont des cravates mais ils ne voient pas comment nous survivons. Ce sont des bureaucrates pour qui nous ne sommes jamais ni des gens, ni des âmes. Viens voir ! »
Ils ramassent du fer dans des décharges publiques, s’abiment les mains et les pieds.
Un homme en colère, la voix d’une rage sèche, explique que le HCR l’a fait revenir toutes les semaines pour l’entendre avant de le rejeter.
Il dit que pour payer son taxi pour se rendre au centre ville il doit travailler une semaine dans la décharge.
Il gagne 1 euro par jour.
Le coût du taxi est variable entre 10 et 15 Euros.
Il s’abîme les mains seulement pour aller patienter des heures devant la porte de L’ONU.
« Je n’ai jamais pensé que mon exil pouvait être plus terrible que l’incendie de mon village, de mes terres et de mon troupeau. »
Nous avons tous peur de tomber à malade au Caire car nous savons que nous ne serons pas soignés. »
Shams est un jeune Four de 20 ans responsable de la décharge, c’est lui qui pèse le poids du fer ramassé par les réfugiés, et les rétribue en conséquence. Dans la baraque en tôle ondulée, il écoute la musique des réfugiés du Caire. Il est toujours accompagné du petit Omar un orphelin de treize ans qui travaille déjà pour aider sa mère. Omar a arrêté l’école à 10 ans, il sait à peine écrire.
Après sa journée de travail Shams (Soleil) appelle son frère au Soudan avec son portable.
Au Darfour, pendant les tueries barbares, les réfugiés du Caire savaient tout ce qui se passait au jour le jour : avec les portables ils vivaient les tragédies en direct. C’est le cas de Shams qui a entendu le viol de sa sœur. Souvent il se retire sous un carton de la décharge et pleure tout doucement.
Je lui emmène un coca et il sourit avec une immense douceur.
Shams est poignant, ses gestes sont beaux. C’est lui qui me console il me dit de ne pas être triste pour lui et que ce n’est rien parce que bientôt la hadja Aïsha va arriver apporter de la nourriture du Darfour. Du asida, une boule de pâte (un peu comme de la pâte à crêpe gluante) plat que j’essaie toujours d’éviter
Aïsha
Les travailleurs l’appellent « Mamma Darfour » car elle incarne la mère nourricière. C’est elle qui prépare le repas de midi.
Aïsha est chanceuse, elle est réinstallée par le HCR aux USA.
Elle raconte sa vie.
« Ils sont venus, les janjaweed, à 5 heures du matin, toute ma famille dormait. Ils nous ont réveillé en incendiant la hutte et ont tiré sur mon mari à bout portant. L’une de mes filles a été violée sous mes yeux. J’ai fui jusqu’à Wadi Alfa et puis là j’ai pris le bateau jusqu’à Aswan en Égypte. Mais Wadi Alfa c’est vilain, très vilain dit-elle. »
Nous revenons au Soudan devant le Nil hôtel, le passage de tous les transits. Le carrefour de toutes les circulations, les voyageurs passent du bateau à la ville à dos d’âne. Des chiens dans la poussière aboient… La caméra se plante devant l’hôtel et retient ce brouhaha.
Un réfugié dans une chambre témoigne. L’histoire est un peu celle des autres. Au petit matin des arabes janjaweed ont incendiés leurs villages et violés des enfants. Il est blessé et parle dans la pénombre son visage restera secret.
Il s’apprête à prendre le vaporetto qui fait Wadi-Aswan, il imagine sa vie au Caire. Il rêve de trouver du travail et d’aller en Amérique…
Fabienne le Houérou
e-mail :lehouerou@mmsh.univ-aix.fr