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Sandy BC
Barcelone, Espagne - Française
Récits
VOYAGE EN TRAIN
Un voyage en train nous amène à lire, dormir, écouter de la musique...
Cette fois-ci j’écrirais.
Au fil d’un paysage, qui dans la nuit tombante, n’est qu’une forme qui laisse des traînées derrière lui.
24 images secondes.
Un film par la fenêtre...
L’heure où mon stylo en main, dans le trémolo d’un train qui tremble mon écriture.
Cette heure est celle que je préfère.
Mi-soleil, mi-lune.
Le premier s’en va gaiement réveiller quelques rizières, en allumant du même coup les lumières de nos chaumières.
Dans cette demie obscurité on hésite encore à se lever pour fermer le circuit qui illuminera les quelques globes de verres de nos plafonds.
Les réverbères s’allument, les uns après les autres, se passent le flambeau.
La nuit s’installe lentement, doucement.
Elle recouvre de son drap nuptial nos maisons et nos forêts.
Les hommes du jour rentrent mettre pantoufles...
Les hommes de nuits enfilent escarpins.
A cette heure là, deux mondes se mélangent.
Gainsbourg, Gainsbarre.
Mister Renaud, Mister Renard.
Que dit cette chanson de Bénabar ?
« Couche- tôt et lève tard, se retrouvent dans le dernier métro... »
C’est indécis, c’est en suspend.
Le temps d'un instant.
Et dans ce train, dans cet habitacle, à travers ces vitres, se dessine cette hésitation nocturne.
Dans ce train, on est en décalage horaire.
Tout y est comme figé, comme dans une parenthèse.
Certains dorment déjà, un autre téléphone à la famille, d’autres encore, pensent.
Que ferais-je demain ?
Quelqu’un m’attendra t-il à quai ?
Il pleut et quelques gouttes s’entrechoquent de l’autre côté des carreaux.
Elles roulent, se poursuivent, et dans une course effrénée se rejoignent pour en faire une plus grosse.
Seront-elles plus fortes après l’union ?
Il fait nuit, chacun se reflète un peu plus dans sa vitre.
On ne peu plus échapper à cette image de nous.
Narcisse est du voyage.
Image déformée et transparente.
On ne se recoiffe pas, de toute façon le train ça décoiffe et ça fait un teint blanchâtre.
Rien y fait, c’est comme ça.
Quand on lève la tête il y a d’autres miroirs.
Un peu fétichistes ils vous montrent du dessus.
Ils nous montrent aussi l’univers des autres voyageurs.
Il y a des bruits de journaux.
Il n’y a pas d’enfants.
Seulement ce bruit coulissant des portes qui laissent passer les passagers jusqu’au bar, voiture 5.
On vient de partir et on voudrait être arrivé.
On ne sait pas trop comment s’asseoir.
C’est pas très confortable les sièges d’un train.
On s’adosse à la ventilation,contre la fenêtre, pour étendre nos jambes sur le siège d’à côté...
Mais la structure de cette ventilation fait mal au dos.
On range sa feuille et son stylo, on écrira plus tard.